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Julki ! Un goût de reviens-y!
24 février 2007

One shot....

bou_e3

Alors voilà,

Suite à mon message concernant le concours de nouvelles où il faut écrire la première page d'un polar par rapport à une photo, voici ce qu'elle m'a inspiré.

Gagnera, gagnera pas, l'essentiel c'est d'avoir été jusqu'au bout...

Bonne lecture, vos avis sont les bienvenus.

La route sinueuse, bordée de cocotiers et de raisiniers qui menait Louis Orca vers sa villa paraissait interminable. La voiture de location qu’il avait prise à l’aéroport de Pointe-à-Pitre distillait un air frais qui permettait au lieutenant de rester éveillé, Nantes lui paraissait loin, presque un mauvais rêve, ces quinze jours de repos également.

Joël Clergeau, son supérieur et ami, lui avait offert de séjourner dans sa villa en Guadeloupe à ses frais pour le récompenser de son labeur et des risques encourus suite à l’affaire Marais qui avait bien failli lui coûter la vie.

Orca avait accepté plus par politesse que par goût du soleil et des plages et regrettait déjà sa lâcheté.

Il ralentit et arriva devant une allée savamment entretenue qui contrastait avec les jardins en friches. Un panneau en bois planté dans le gazon fraîchement arrosé le sortit de ses méditations : « Iguana Bay, et le paradis existe... ». Orca esquissa un sourire dubitatif et s’engagea dans le chemin.

La villa de Clergeau appartenait à ces lotissements pour riches, toutes conçues sur le même modèle. De style colonial, la maison comptait trois chambres et une terrasse couverte qui surplombait la piscine privative et le jardin envahi d’essences de frangipaniers.

En défaisant ses bagages de la voiture, Orca savoura la paix du lieu. Clergeau l’avait assuré qu’il ne serait pas dérangé par les voisins allemands qui ne venaient en Guadeloupe que très rarement.

Orca ne se rappellait pas à quel moment de la vie, son vieux copain Clergeau avait si bien réussi la sienne. Ils se connaissaient depuis plus de vingt ans, avaient fréquenté les mêmes bancs de l’école de police, les mêmes petites amies et surtout les galères. Clergeau avait travaillé pendant plus de deux ans sur une affaire de corruption qui avait éclaboussé pas mal de monde mais en était sorti victorieux, obtenant ainsi les bonnes grâces de l’inspecteur général qui lui avait ouvert les portes du bureau de commissaire. Pendant qu’Orca subissait les affres du divorce et s’usait à la tâche pour passer lieutenant, Clergeau s’établissait une belle situation avec maîtresses, argent et pouvoir. Orca soupira, il se sentait inutile, mis à l’écart. Il s’assit sur les marches de la terrasse et sortit une cigarette de la poche de son polo trempé de sueur.

En fumant, il regardait pensivement les palétuviers de chaque côté de l’escalier qui recouvraient presque la façade de la villa de leur feuilles duveteuses. Un léger crissement de branchages éveilla Orca et il tourna la tête vers la droite. La végétation revenue à son état sauvage formait comme un rempart contre les yeux indiscrets, Orca se leva et entendit à nouveau le bruit de feuilles pliées, il se rapprocha de l’épais fourré et essaya d’en dégager l’accès pour y voir plus clair. Les odeurs âcres de Petit Baume écœuraient Orca qui parvenait à se frayer un chemin. En écartant une autre branche, Orca eut un sursaut de surprise, deux yeux couleur bronze le contemplaient. Un magnifique iguane d’environ un mètre cinquante était allongé sur un coffre en bois. En essayant de reculer, les pieds d’Orca se prirent dans les branchages épars, et il tomba de tout son long en arrière. L’iguane désorienté par le mouvement brusque, tira vers lui une langue rosée et s’enfuit. En époussetant ses habits, Orca leva la tête vers l’imposant coffre qui ne semblait pas spécialement ancien, en témoignait le bon état du bois noir.

Le couvercle se souleva facilement et le lieutenant y découvrit une enveloppe kraft et un équipement de plongée. Orca intrigué, rebroussa chemin vers la piscine en emportant ses trouvailles. S’asseyant au bord de l’eau, il ouvrit l’enveloppe et en vida le contenu sur ses genoux. Un proverbe indien « Celui qui a un ami véritable n’a pas besoin de miroir » était inscrit au dos d’un polaroid représentant Clergeau serrant la main d’un homme dont le visage était rayé.

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